Par Marion Bril, Marc Coureau, Damien Della Santa, Dominique Fournet et Xavier Longa
L’entraînement consiste à développer la capacité d’adaptation, c’est à dire à augmenter l’efficience de la boucle perception-action. Il s’agit donc d’améliorer le fonctionnement interne, invisible et naturel de l’athlète.1
La troisième illustration sur le terrain2 est présentée par Dominique Fournet.
L’entraînement exploratoire au golf
(Dominique Fournet)
Ce type d’entraînement est développé pour le putting dans le livre À chacun son swing. Il se déroule en trois phases.
- Effectuer quelques putts naturels, sans contraintes, dans des conditions réalistes.
- Réaliser ensuite de nombreux putts en changeant toujours la manière de les réaliser : sur un pied, sur l’autre, poids sur l’avant, sur l’arrière, jambes très tendues ou fléchies… Les variations possibles sont infinies, à condition de respecter deux consignes :
- Jouer toujours avec la même balle pour ne pas répéter plusieurs fois de suite le même putt.
- Ne poser aucun jugement sur le résultat visible de l’action. Du point de vue de l’invisible, il n’y a jamais d’erreur ni d’échec : chaque nouveau mouvement, aussi improbable soit-il, inscrit un repère dans la « base de données » interne du système moteur.
- Terminer la séance par quelques putts sans contrainte pour prendre conscience de l’amélioration de la fluidité du geste et percevoir l’augmentation de l’efficience (moins d’énergie dépensée, plus de plaisir ressenti).
La deuxième phase est la plus importante. C’est pendant cette phase que l’expérience motrice du système perception-action s’élargit. Ce système ne fonctionne pas par extrapolation mais par interpolation :
- Il ne peut pas produire efficacement un mouvement qui l’emmène au-delà de ce qu’il a déjà exploré.
- En revanche, il est capable d’ajuster très efficacement le mouvement entre deux extrêmes dont il a déjà fait l’expérience.
Puisque le système fluctue en permanence pour exprimer ses forces, répéter une technique pour « l’automatiser » est illusoire. Il en résulte une diminution mesurable de la stabilité du geste réalisé. Plutôt que de creuser toujours le même sillon et de se trouver déstabilisé dès que la situation impose d’en sortir, nous proposons plutôt de parcourir l’ensemble des possibles.
Ensuite, lorsqu’on cesse de se compliquer la tâche, tout semble plus facile. C’est le sens de la troisième phase de l’entraînement exploratoire. À la longue, cela construit la confiance du golfeur qui prend conscience qu’il est capable de s’adapter à tout.
1. Voir notre article le mesurable et l’invisible.
2. Illustrations précédentes : escalade en EPS et intention en sports de combat.
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